La musique est partie prenante des chorégraphies où l’escrime entre en scène. Florence Leguy est maître d’armes, elle a touché les trois facettes comme escrimeuse, sportive de haut-niveau, elles manie l’arme au théâtre ou elle enseigne cet art aux acteurs.

Florence Leguy est maître d’armes. Un titre qui a longtemps inspiré le respect. Elle raconte que c’est par l’escrime qu’elle est arrivée au théâtre quand elle a laissé son sac et ses armes dans sa chambre pour rejoindre une école et se consacrer à l’art de la scène. Elle aurait pu poursuivre en compétition avec un titre de vice-champion de France de fleuret, quand les filles n’avaient encore accès qu’à cette arme d’école.
Pour elle c’est clair et évident que son entrée au théâtre c’est fait par le sport. Il fallait bien qu’un jour elle réunisse ses deux pôles d’intérêt. Elle était là à la croisée des chemins quand l’escrime artistique a quitté son image de saltimbanque pour rejoindre la fédération française d’escrime dans les années 1990.

Florence leguy maître d'armes

Florence leguy maître d’armes a été aussi sportive de haut niveau au fleuret.

Florence Leguy mène de front la vie d’actrice et le réglage des combats sur la plateau, que ce soit pour un spectacle de toute pièce, pour l’opéra ou le théâtre, elle est régulièrement appelé à régler les assauts d’armes au festival d’Avignon. Elle rappelle que les duels sont omniprésents chez Shakespeare : « Souvent, ils sont tronqués où ils disparaissent dans un opéra, alors que le duel est écrit dans l’ouvrage. Dans un spectacle, le duel est souvent écrit pour appuyer la dramaturgie. En supprimant le duel, du coup il ne se passe rien. Je pense que si le duel est bien réglé, ça donne le caractère des personnages. Souvent les acteurs ou les chanteurs aiment bien. On sait que la tenue d’une certaine façon de l’arme et le sens donné au combat livrent aux spectateurs les intentions du metteur en scène. Par exemple c’est différent si Tybalt attaque Roméo, que Roméo subit l’assaut et gagne par une contre-attaque, ou au contraire Roméo se rue sur Tybalt et le tue. Soit on fait gagner l’état et la religion, soit c’est le contraire, le message est différent.»
Si le terme de chorégraphie de combat est assez récent, Florence Leguy démontre qu’il convient aux métiers de la scène : « On peut dire aussi qu’une mise en scène est une chorégraphie. » Arrière-petite-fille d’un maître d’armes militaire, au cours de son enfance elle a pratiqué certes l’escrime, mais aussi l’équitation, la musique et la danse : « Mes frères ont continué la musique, mais j’ai arrêté. Mais elle est en moi. J’explique aux acteurs qu’ils sont une musique intérieure et qu’ils doivent l’associer à la musique du compositeur. Cette musique se chorégraphie avec les techniques de l’arme. Je me souviens qu’on m’avait demandé de régler les combats de la Chanson de Roland. Il y avait deux heures de combat et cinquante personnages. J’avais attribué des notes à chacun d’eux, des blanches, des noirs, des soupirs, tout ça pour régler les assauts. C’est une de mes façons de procéder. » Pour la bretteuse, la musique donne le rythme des combats
Florence Leguy confie que l’escrime a nourri son apprentissage du théâtre : « Elle m’a appris la répétition du geste, la persévérance, l’engagement de soi. A l’escrime, le premier combat est contre soi, face à un adversaire c’est un jeu. »   

Bruno ALBERRO

La vidéo de Florence Leguy

Renseignement à Florence Leguy