Jean-Louis Grinda a pris la direction des Chorégies d’Orange, suite à la démission spontanée de Raymond Duffaut en mars 2016. Ce dernier avait marqué de son empreinte le festival lyrique pendant 35 ans. Jean-Louis Grinda signe sa première programmation complète de cette édition qui se déroulera du jeudi 5 juillet au samedi 4 août. Il signe la mise en scène de Mefistofele de Boito en ouverture du festival.

Rencontre.

C’est donc votre première programmation totale et assumée. Etes-vous serein ?

A priori je suis serein. Mes choix ont été validés par le conseil d’administration. Il fallait des changements et que la rupture soit raisonnable. Et puis avec 1,5 million de déficit, il fallait faire quelque chose. En continuant ainsi, il aurait fallu dix ans pour résorber le déficit. Et encore.

Cette année est celle du renouveau avec la société publique locale qui se met en place et remplace l’association. Mais il ne faut pas croire que cette programmation 2018 soit confortable pour autant. La programmation est différente avec Mefistofele de Boito qui n’a pas été donné depuis 1905 à Orange et le Barbier de Séville plus connu mais jamais donné ici. Ce démarrage n’exclut pas les difficultés. Les risques sont là.

On voit que Mefistofele sera donné à Lyon à l’automne. Est-ce que vous le regrettez ?

Non au contraire, ça signifie que je suis en avance. Les gens viendront le découvrir ici. Je vais vous dire un fait, en zone francophone, il n’y a pas eu de nouvelle production depuis celle de 2007 à Lièges ; et c’est la mienne. Si cet opéra est à nouveau donné, ce n’est que mieux.

Vous jouez la carte de la curiosité, semble-t-il ?

C’est exact. Il faut réveiller la curiosité du public. C’est notre volonté cette année. Car il faut faire venir 7000 personnes au Théâtre antique. On doit continuer à innover avec les ciné-concerts, de la danse, les concerts à la cour Saint-Louis avec des noms reconnus. Le public pourra les entendre à 18 heures avant la représentation des opéras en soirée. Ces récitals, ce sont les effets d’un festival. Le public peut se dire : je n’ai pas envie de rater ces chanteurs ou chanteuses qui passent à Orange, surtout dans une jauge de 350 places.

Il y a quelques années, les Chorégies proposaient des opéras en un acte. Est-ce que vous allez reprendre cette idée ?

Ce n’est pas écarté dans l’avenir, mais cette année : non, il y a déjà beaucoup de changements.

Souvent le public met en avant le prix des places pour justifier qu’il ne va pas écouter de la musique classique. Quel est votre sentiment ?

Le prix est le plus souvent une excuse et permet de justifier qu’on n’a pas envie de découvrir quelque chose. Quelle qu’elle soit d’ailleurs. On a la chance en France de disposer de grandes possibilités culturelles avec des spectacles subventionnés, d’autre pas comme les concerts des vedettes du rock ou de la pop. Avec des prix d’entrée équivalent aux Chorégies. Donc le problème n’est pas le prix uniquement, même si nous avons baissé de 20 % les nôtres l’an passé.

Cette année, on ne peut pas dire rien ne m’intéresse aux Chorégies : avec de l’opéra, des concerts, du cinéma et de la danse. On met en avant que l’opéra est élitiste, je ne crois pas. L’opéra existe depuis 400 ans, je ne sais pas si le rock d’aujourd’hui sera là encore dans 350 ans.

Etes-vous fétichiste ?

Non, du tout ! Je ne suis pas superstitieux. Néanmoins, j’ai une tradition ou un rituel quand je fais la mise en scène d’un spectacle : je vais poser la main sur le plateau. Mais ce n’est pas pour conjurer le sort. Oui, c’est rituel.

Renseignement au 04 90 34 24 24.

En bref : Les Chorégies d’Orange du jeudi 5 juillet au samedi 4 août : opéras, concerts, ciné-concerts, danse.
Programme des Chorégies

Propos recueillis par Bruno ALBERRO

 

Photo Alain HANEL