D’aucuns soupirent avec la nostalgie du temps passé, celle de l’enfance bénie et d’une époque sublimée avec ses repères et les bons souvenirs retenus. Marina Mahler pense que notre monde fonctionnera mieux plus tard, quand la jeunesse sauvera la Terre. Mahler, comme Gustav Mahler (1860-1911) qui a écrit le Chant de la Terre pour vénérer la nature avec un grand N.

C’est le patrimoine laissé par son grand-père que la présidente de la Fondation Mahler défend. Aussi bien sa littérature que son humanité. Elle se trouvait dans les gradins romains du théâtre antique ce lundi 29 juillet, quand les Chorégies d’Orange donnaient le VIIIe symphonie de son aïeul, œuvre monumentale choisie pour souffler les bougies du 150e anniversaire du plus ancien festival lyrique.
Que la VIIIe symphonie soit donnée dans un théâtre ouvert faisait sens pour Marina Mahler : « Je suis très sensible à l’histoire des pierres. Il y a ici une relation avec la nature. L’humanité n’est pas que l’humain, elle est aussi végétale, animale et minérale. »
Ce passage à Orange n’était pour elle qu’une étape et son but ne se résume pas à valoriser la musique de Gustav Mahler, elle s’est donné comme ambition, et comme projet, de sensibiliser à la défense de l’univers qui nous entoure et de replacer l’humain en son centre, loin des contingences de l’argent et du repli sur soi.
Marina Mahler ne court pas après le temps, elle utilise, le remplit, le nourrit pour combler les esprits de paroles humanistes. Le sens de cette humanité universelle et son côté blanc, à l’opposé du vécu de Gustav Malher subissant le côté sombre avec la mort de sa fille et l’antisémitisme dont il a été victime.
Marina Mahler dit ne pas défendre l’héritage de Gustav Mahler tellement son empreinte sur la musique sera durable : « Les œuvres de Mahler sont connues et sont jouées. Mais il laisse aussi un message à l’humanité. »

Marina Mahler est la fille de Gustav Mahler

Marina Mahler est la fille de Gustav Mahler, elle a crée une fondation pour perpétuer l’oeuvre universelle de son aïeul, poète de la nature.

« Le poète a toujours raison, il voit plus loin que l’horizon », philosophait Aragon. Mahler est de cette veine avec cette prédiction. Lui qui est mort trois ans avant la Première Guerre mondiale l’annonce comme il avertit des malheurs que provoquera le seconde conflit planétaire.
Longtemps Marina Mahler a porté ce nom prestigieux sans en connaître la représentation qui va au-delà du cercle familial : « Enfant, j’ai été protégée et j’ai eu de la chance de grandir sept ans en pension en Angleterre. Je rentrais une fois par mois à la maison et pendant les vacances. Ma mère sculptait la pierre et  la terre, elle vivait pour son art, nous avions cette vie simple d’artiste. Ce n’est que plus tard que j’ai su mes origines. J’ai pris conscience alors de ma responsabilité pour transmettre le message de mon grand-père. Je ne fais pas de musique, mais j’ai découvert que notre point commun était la lecture et que notre livre préféré était le même : Les Frères Karamazov, le dernier roman de l ‘écrivain russe Fiodor Dostoïevski.  J’ai eu une vie dans les livres. Les paroles sont ma musique. Mon but est de rappeler ce que je nomme « l’effet de Mahler » avec l’amour de la nature, dans le sens humain. Mahler, c’est une école à vivre et la fondation aide à vivre avec l’Histoire.»
Marina Mahler jauge que l’humanité sera meilleure dans l’avenir qu’elle ne l’est maintenant : « Notre génération a saccagé la Terre. Les jeunes ont conscience qu’il faut changer notre rapport avec la nature, que la Terre n’est pas une poubelle, qu’il n’est pas normal qu’une baleine meurt étouffée d’avoir absorber quarante sacs poubelles. C’est ce qu’on entend dans le Chant de la Terre (NDRL : composé en 1911, quelques mois avant sa mort). »
Marina Mahler explique que le but de la fondation est de collecter des fonds et de rechercher des sponsors pour cette cause. La musique permettra aussi cet éveil de l’esprit : « La musique développe le cerveau chez l’enfant, c’est une ouverture sur le monde. »

Marina Mahlet voit plus loin et propose un changement de mentalité et rompre avec le convenu et les habitudes. Elle juge que le fonctionnement et l’approche de l’art doit s’inverser : «Ce n’est pas aux gens de venir au spectacle mais c’est à la musique d’aller aussi vers eux, d’aller dans les endroits où il n’y en a pas.»

Bruno ALBERRO

 

Renseignement à la Fondation Mahler