Simon Boccanegra de Verdi sera donné encore le vendredi 5, dimanche 7 et mardi 9 octobre à l’Opéra national de Marseille. Une occasion de découvrir la mise en scène sobre et ramassée du baryton Leo Nucci. Le plateau lyrique est d’exception, avec en tête la basse Nicolas Courjal expressive.

L’Opéra national de Marseille a invité le baryton Leo Nucci a signé la mise en scène de Simon Boccanegra de Verdi. Un ouvrage qu’il connaît bien pour l’avoir chanté plus de 300 fois en quarante ans. Un ouvrage qu’il a construit à l’image  qu’il donne sur scène : tout est dans la musique.

Il ne fallait pas s’attendre à voir un opéra révolutionnaire, mais bien dans l’esprit du livret et dans son époque, soit au XIVe siècle à Gênes où deux familles s’affrontent avec une petite fille au milieu. Leo Nucci s’est inspiré des tableaux primitifs italiens où d’apparence tout semble figé, mais où les détails livrent les expressions des protagonistes. Comme décor : un port ou un labyrinthe pour rappeler la quête permanente des personnages.

L’opéra, c’est certes du théâtre mais c’est aussi de la musique. La connivence entre lui et Paolo Arrivabeni est évidente. Le maestro et le metteur en scène ont fait rythmer l’Orchestre et les Choeurs de l’opéra de Marseille au même diapason, en accentuant les intentions du compositeur, sans emphase, réglée d’une battue minimaliste et une direction attentionnée.

Un plateau d’opéra nécessite des solistes et Simon Boccanegra plus encore avec un sextet de choc pour traduire les émois et les colères, les effusions et les humeurs. La basse Nicolas Courjal mérite l’attention, il suffit de croiser son regard dans le prologue pour comprendre que la basse française a pris une dimension sur le plateau. Quant à son chant, il est de la même trempe; en fermant les yeux on devine ses états d’âme.

Il trouve en son adversaire désigné le baryton Juan Jesùs Rodriguez dans le rôle-titre. Présent scéniquement, il prend peu à peu les formes entre l’amant hautain, le Doge clairvoyant et le père aimant, quand il entame l’aria « Ciel Clément… »

Le soprano Olesya Golovneva endosse la robe verte d’Amelia, sa voix timbrée au doux phrasé se fait amoureuse ou inquiète sans geste superflu. Sobriété de voix et de déplacements qui sied à cette jeune fille partagé entre l’amour filial et ses amours romanesques contrariées envers Gabriele Adorno, campé à Marseille par le ténor italien Riccardo Massi. Il joue de sa stature et convainc dans ce rôle où les sentiments divergent au fil des actes.

Le jeune baryton français s’est fait aussi remarqué dans la robe des éminences grises. il incarne Paolo Albiani variant les facettes vengeresses, suffisantes ou pathétique au moment de sa mort sous l’échafaud.

Cyril Rovery en Piétro des basses oeuvres et Christophe Berry en capitaine pour chante quelques phrases permettent de tenir l’ouvrage sans se détacher.

Bruno ALBERRO

 

Photos Christian DRESSE

En Bref  : Leo Nucci met en scène Simon Boccanegra de Verdi à l’Opéra de Marseille les 2, 5, 7 et 9 octobre. La direction musicale revient à Paolo Arrivabeni, devant les choeurs et l’orchestre de l’Opéra de Marseille. 
Amelia sera interprétée par Olesya Golovneva ; La servante d’Amelia par Laurence Janot ; Simon Boccanegra par Juan Jesus Rodriguez ; Jacopo Fiesco par Nicolas Courjal ; Gabriele Adorno par Ricardo Massi ;  Paolo Albiani par Alexandre Duhamel ;  Pietro, Cyril Rovery ; Un capitaine Christophe Berry.

Renseignement à l’Opéra de Marseille et à Leo Nucci.