Le soprano espagnol,  Maria Miró Moreno, fait ses débuts en France à l’Opéra Grand Avignon les 21 et 23 octobre, dans le rôle la comtesse d’Almaviva de l’opéra de Mozart « Le nozze di Figaro ». La jeune chanteuse évoque la mondialisation du métier comme une chance pour le public et le chanteur, les difficultés rencontrées par la Culture dans son pays et ses souvenirs avec Montserrat Caballé, qui vient de disparaître.

De nombreux artistes se produisent à l’étranger. Est-ce l’effet de la mondialisation ? Et est-ce une chance pour la musique ?
Les chanteurs se produisent à l’étranger depuis plusieurs années. Callas, Tebaldi, Caballé, Pavarotti, Sutherland… ont chanté dans de nombreux pays. Le problème, c’est que maintenant, avec Internet et les médias sociaux, les informations sur les artistes interprètes ou exécutants et les représentations se déplacent très rapidement dans le monde entier. Il y a un meilleur marketing et beaucoup de chanteurs sont très connus avec toutes ces nouvelles technologies. Et vous pouvez regarder en direct une performance du Metropolitan ou de Covent Garden, par exemple, dans de nombreux cinémas.
Pour moi, chanter dans d’autres pays est une expérience formidable et une occasion de se faire connaître dans différents théâtres. En effet, j’ai commencé ma carrière de chanteuse au Royaume-Uni, où j’ai fait une maîtrise en musique, et plus tard, j’ai commencé à chanter de manière professionnelle dans mon pays, l’Espagne. Et maintenant, je suis très heureux de faire mes débuts en France à l’Opéra Grand Avignon, en chantant la comtesse d’Almaviva dans Le nozze di Figaro de Mozart.
Je trouve que chanter à l’étranger est une expérience très enrichissante, car vous obtenez des approches différentes des rôles, vous voyez différentes façons de travailler, vous apprenez à connaître des personnes de cultures et d’origines différentes, et les voix de différents pays ont également des couleurs différentes qui, pour la musique c’est aussi enrichissante. Les maisons d’opéra recherchent les meilleurs artistes, peu importe leur origine.

Vous interpréterez Mozart à Avignon. Qu’est-ce qui vous apporte son écriture à long terme?
Oui, je chanterai mon premier Contessa di Almaviva. Mozart a très bien écrit pour les chanteurs, mais d’un autre côté, vous avez besoin d’un bon contrôle technique pour bien le chanter. Il y a beaucoup de legato et de pureté dans le son, ce qui le rend très difficile, car on est vraiment exposé, le public doit tout entendre. Et sur le long terme, il est sain de chanter Mozart car l’orchestration n’est pas lourde, comme c’est la cas avec Wagner, Verdi ou Puccini, et aussi à cause du contrôle du son que ça nécessite. La musique de Mozart convient à ma voix et j’espère chanter d’autres rôles de Mozart à l’avenir, tels que Pamina dans la Flûte enchantée.

Aujourd’hui, la Culture voit ses budgets réduits en France par les réductions de subventions. En Italie, on sait que c’est difficile pour l’Opéra. Qu’en est-il de l’Espagne ?
En Espagne, la situation n’est pas facile non plus. Il y a aussi des réductions de subventions et nous n’avons pas de réseau de théâtres d’opéra comme en France ou en Italie. De nombreux théâtres espagnols font de leur mieux pour tenir leurs saisons et espérons que la situation s’améliorera à l’avenir. Cependant, l’Espagne a de bons théâtres avec de grandes productions. Je chante régulièrement au Teatro Real de Madrid et au Gran Teatre del Liceu de Barcelone. Le mois dernier, j’ai fait mes débuts à Opera Oviedo avec un opéra contemporain qui était une première mondiale et, dans cette saison, je le ferai au Teatro de la Zarzuela de Madrid et à l’Opera de Sabadell.

Un mot aussi après la mort de Montserrat Caballé. Avez-vous chanté avec elle ? ou avez-vous entendu chanter ?
Montserrat Caballé est une référence pour moi depuis que je chante: sa pureté du son, son pianissimi, sa belle voix et ses belles performances. Elle a été l’une des meilleures sopranos du XXe siècle, c’est donc une véritable perte pour le monde de l’opéra. Je l’ai rencontrée dans les cours de maître qu’elle avait donnés en Espagne en 2013 et j’avais l’honneur de chanter pour elle l’aria « Piangete voi », d’Anna Bolena de Donizzetti, son rôle maître. Malheureusement, je n’ai jamais eu l’occasion de chanter avec elle, mais j’ai chanté avec sa fille, Montserrat Martí, dans quelques galas d’opéra à Barcelone.

Propos recueillis par Bruno ALBERRO

 

Où entendre Maria Miró Moreno ?

  • Les dimanche 21 et mardi 23 octobre dans les Noces de Figaro de Mozart à l’Opéra du Grand-Avignon ;
  • Du 17 janvier au 1er février dans l’Or du Rhin de Wagner au Teatro Real de Madrid ;
  • Du 28 mars au 14 avril dans El Barberillo del Lavapiés de Barbieri ;
  • Du 1er mai au 26 mai dans la Bohème de Puccini à l’Opera Sabadell à Barcelona.

Renseignement à Maria Miró Moreno