Les chanteurs lyriques qui parlent le patois de leur enfance ne doivent pas être légion, ceux qui parlent gascon doivent se compter sur les doigts d’une main et encore. Le baryton basse François Harismendy est de ceux-là. Il chantera la Petite messe de Rossini le 31 mars à Avignon.

Si certains chanteurs disent avoir mis de côté leur accent à force de travail de diction, dans la conversation François Harismendy glisse quelques mots en langa nostra. Ça sent le terroir d’Armagnac où les R roulent comme les galets dans la Gélise, du côté de Mézin et de Saint-Maure. Il a d’ailleurs enregistré un disque de musique et de chant de troubadours chez Erato. Pas étonnant quand on sait son attachement à son Sud-Ouest et à la défense de sa culture : « C’est dommage d’entrer dans un café et de ne plus entendre parler patois. Dans quelque temps avec un ami, on va s’y mettre sérieusement à reparler gascon. »
A l’approche de la soixantaine, François Harismendy choisit ses lendemains sur scène : « Je ne cherche plus absolument des rôles, on m’appelle maintenant. Pendant vingt-ans, j’ai bien travaillé, aujourd’hui je chante toujours. Je serai à Avignon le 31 mars pour la Petite messe solennelle de Rossini. On m’a invité pour le Te Deum de Dvorak. Ce qui m’intéresse beaucoup c’est de conseiller d’animer des master classes. »

François Harismendy a été dix ans instituteur avant de se diriger vers le chant lyrique

François Harismendy a été dix ans instituteur avant de se diriger vers le chant lyrique

Il se souvient qu’au début de sa carrière, une basse américaine lui avait consacré du temps pour le façonner : « Il a fait généreusement. C’est de la co-fraternité. Ça ne s’oublie pas. Là, j’ai un jeune chanteur chinois, un ténor que je conseille, il vient à la maison, je le fais travailler. Je pense qu’il sera bientôt à l’internationale, s’il fait attention à lui. Il n’est pas question d’argent entre nous. S’il réussit, il peut me donner plus tard un pourcentage sur ces cachets. On n’a pas signé de contrat, j’ai appris chez moi que la parole vaut un écrit. Mais, il ne faut pas faire comme Alexia Cousin qui a arrêté sa carrière à 25 ans. Personne ne voyait la vibration de sa mâchoire inférieure, et comme elle tordait la bouche ? C’était un signe. Il y en eu d’autres jeunes encensés par le public et les directeurs d’opéra. Comme ce jeune baryton qui avait tout pour lui. Quand il a chanté, on s’est regardé avec Ludovic Tézier et le reste de la distribution et on s’est demandé où était sa technique. Les chanteurs doivent accumuler de l’expérience.»
François Harismendy n’a pas envie toutefois de prendre des jeunes néophytes et de tout leur apprendre : « Non, j’aimerais mieux conseiller et faire progresser. Surtout donner des formations pour bien prononcer l’italien. Trop de chanteurs français prononcent l’italien à la française : sur la même ligne. Alors que c’est une langue accentuée. »
Cette relation au chant, quasi empirique, François Harismendy l’explique du fait qu’il a été dix ans instituteur, avant même qu’on les appelle professeur des écoles : « J’ai suivi le CNIPAL de Marseille et je suis devenu professionnel à 29 ans. »
Arrivé tard sur le marché lyrique n’est pas incompatible avec une carrière remplie. Il ne cache pas que d’avoir jouer dans les bals populaire l’a aidé : « Surtout pour les déplacements sur scène. Quand on commence, les pas sont souvent en arythmie avec la voix. Ça ne s’apprend et souvent les metteurs en scène sont furibonds. Sur des scènes comme le théâtre antique  avec les Chorégies d’Orange, c’est terrible, d’autant qu’on est loin de l’orchestre. Sans faire de la mise en scène, mais j’aimerais bien aussi conseiller des mises en espace. Avec un fauteuil et un peu d’idée, on fait le Ring (NDLR : opéra de Richard Wagner). Bon, j’exagère un peu, ce n’est pas de la mise en scène. »

Bruno ALBERRO

 

Où entendre François Harismendy ?

  • Le dimanche 31 mars à 16 heures à la Basilique Notre-Dame des Doms dans La petite messe solennelle de Puccini avec Ludivine Gombert, soprano, Sarah Laulan, alto, Pierre-Emmanuel Roubet, ténor et François Harismendy, basse. Et les chœurs de l’Opéra du Grand Avignon

Renseignement à l’Opéra du Grand Avignon  ou à François Harismendy