« La meilleure manière de préserver et faire vivre un bâtiment est de lui trouver un emploi ». Pour restaurer et donner vie aux arènes antiques, le maire de Saintes, Jean-Philippe Machon a pris à son compte la maxime d’Eugène Viollet-Le-Duc, architecte théoricien 1814-1879. Entre toutes ses réalisations, il avait conçu la flèche de Notre-Dame de Paris qui vient de brûler.
L’édile saintongeais aimerait bien redonner ses ors à l’amphithéâtre de sa ville : « C’est très sérieux, quand, l’été dernier, j’ai annoncé devant la master class de Béatrice Uria-Monzon, organisée par l’association « Lyrique au cœur », l’ambition de produire des opéras dans les arènes. C’est même une condition fixée par la Direction régionale de l’action culturelle Aquitaine : qu’il y ait des animations, il faut trouver une utilité au site pour qu’il soit restauré. Ce n’est pas uniquement de l’opéra, ça serait aussi d’autres animations. La romanité et notre école de gladiature auraient leur place. C’est la seule façon de sauver nos vestiges. Sinon, dans quelques années, ce ne sera plus qu’un tas de pierres. Les derniers travaux remontent aux années 1970. »

Jean-Philippe Machon, maire de Saintes a pour projet de ramener l'art lyrique dans les arènes romaines, comme au début du XXe siècle.

Jean-Philippe Machon, maire de Saintes a pour projet de ramener l’art lyrique dans les arènes romaines, comme au début du XXe siècle.

Le maire rappelle que les arènes saintaises, construite en l’an 40 de notre ère ont servi de modèle au Colisée de Rome, en particulier pour juger de son évacuation : « Saintes était une capitale, la première de la Province romaine d’Aquitaine, beaucoup de choses ont été essayées ici avant leur construction à Rome. La vocation de la ville Saintes n’est pas industrielle mais culturelle. D’ailleurs notre patrimoine historique est riche en art antique, roman ou gothique, il est même sur-dimensionné par rapport à la taille de la Ville. »
Les travaux d’entretien du site antique serait de dix millions d’euros, détaille le maire Jean-Philippe Machon : « Cela concerne les vestiges existants qu’il faut restaurer et consolider et il faut installer des assises. Les arènes pouvaient contenir dix mille personnes. On pourrait installer cinq mille places. »
L’édile confie que convaincre les élus n’est pas si simple : « Il est nécessaire de communiquer pour convaincre. Ce n’est pas un projet pour cette fin de mandat mais pour le prochain. Je crois que Saintes a une belle carte à jouer en refaisant venir l’opéra ici. C’est toujours plus facile de reprendre ce qui a existé. Le lyrique à Saintes, c’est tenir compte de l’histoire. Ce n’est pas quelque chose de nouveau puisqu’au début du siècle, tous les grands ouvrages ont été joués dans les arènes. On reprend ce qui a existé pour que Saintes retrouve son image du chant lyrique qui n’existe pas sur cette côte Atlantique. Jérôme Deschamps (NDLR : acteur, metteur en scène et auteur) est venu voir les lieux. Avec l’association, « Lyrique au cœur », nous avons fait venir une chanteuse de Bordeaux et nous avons pu constater la qualité de l’acoustique. Je rappelle qu’avec justement « Lyrique au cœur » nous avons développé cette dimension lyrique, mais au vu du public qui ne remplit pas la salle, elle reste encore confidentielle, alors que le potentiel est plus important. Je rappelle que Saintes est la huitième ville de France, sur les cinquante les plus demandées pour passer la retraite.»

Jean-Philippe Machon, maire de Saintes a pour projet de ramener l'art lyrique dans les arènes romaines, comme au début du XXe siècle.

Les arènes antiques datent de l’an 40 de notre ère. Elles sont servies de modèle pour le Colisée de Rome. Avant de servir de carrières.

Quand on lui fait remarquer qu’il y a de moins en moins de subventions dans la culture, Jean-Philippe Machon balaie l’argument : « C’est une question de volonté politique. Si on regarde le festival de l’Abbaye aux dames, la ville donne une subvention et l’association fait bien fonctionner le festival. Il faudrait regarder combien cela rapporte aussi à la ville. Il suffit de mesurer les retombées touristiques. Il faut beaucoup de communication au départ. Je pense que c’est une chance pour nous. On peut faire un accord de coopération avec Bordeaux, nous ne sommes qu’à une heure. Il y a le grand théâtre qui fonctionne très bien mais pas de festival lyrique. » 

Bruno ALBERRO

 

Renseignement Arènes de Saintes