A quelque chose malheur est bon, dit le proverbe. Ce n’est pas une raison pour que tout malheur soit souhaitable. Ainsi devise la violoniste Amanda Favier dont le prochain CD est annoncé le 29 mai, alors que la version dématérialisée de son hommage à Stravinski et Corigliano est en ligne depuis de 10 avril. Elle explique qu’elle a vécu sereinement cette période d’isolement sanitaire qui a peu changé son mode de vie.

Cela n’échappe à personne que les artistes ont souffert pendant ces derniers mois. Certes, ce ne sont pas les seuls à devoir accepter cette situation d’enfermement. La violoniste Amanda Favier a fait de cette période sanitaire contrainte une opportunité afin d’en extraire les bons côtés : « Bien sûr, il a fallu annuler les concerts et des choses sont en suspend. Je comprends que des festivals ont été annulés si on ne peut pas les organiser dans de bonnes conditions. C’est vrai aussi que dans les festivals de musique classique, le public est en général âgé. Pour les organisateurs, c’est aussi difficile de prévoir et de maintenir sans prendre de risques financiers. Certains avaient déjà engagé des dépenses de communication, imprimer des affiches et des programmes, sans compter tout le travail de préparation.»

La violoniste Amanda Favier

La violoniste Amanda Favier a dû annuler ses concerts. Sous réserve, est maintenu celui de Montbron en Charente le 17 août.

Il y a trois ans Amanda Favier avait effectué une tournée en Chine. Tournée qui annonçait un retour dans les salles de l’Empire du Milieu : « Je devais y retourner il y a deux ans, mais j’attendais un bébé. Ce n’est pas possible d’y aller dans les prochaines semaines puisqu’il n’est pas possible de voyager. Au Japon par exemple, on doit rester quatorze jours en quarantaine, si on donne trois concerts, on n’a pas de temps de passer deux semaines bloquées. Donc ce type de tournée est compliqué. »

Si les annulations successives des concerts constituent une chaîne de regrets, un rendez-vous lui tenait particulièrement à cœur : celui organisé par le Lion’s club de Vaison et programmé en avril dernier où elle devait jouer en trio au profit de l’association Enfants, cancers et santé. Régulièrement, la violoniste apporte son concours à cette action solidaire  : « Pour l’association d’Alain Germaine, c’est très important d’aider au financement de la recherche. Si on est autorisé, nous trouverons une date cette année, ce serait bien à l’automne. »

Ces deux mois passés ont été source d’inspiration pour Amanda Favier, mis au service de son actualité discographique : « Je sors un disque. J’ai fait pas mal de promotion, j’ai pu aussi me consacrer à ma famille. Mon conjoint est souvent en concert.  On s’est posé en  famille avec notre enfant de treize mois. » Elle mesure sa chance que sa demeure soit éloignée de la Capitale : « On a pu profiter de notre village en Normandie. On s’est rendu compte de la chance que nous avions de vivre à deux heures de Paris. Même si on n’a pas pu se promener sur la plage, on a profité de la mer. »

La violoniste Amanda Favier

Amanda Favier espère donner le concert au profit d’Enfants, cancers et santé à Vaison, cet automne.

Fille de médecin, elle a mesuré le danger que présentait cette pandémie : « C’est un scénario catastrophe de voir le monde terrassé par un virus. C’est effrayant. Il a touché tout le monde, même le monde de la musique et on ne peut rien faire. »

L’artiste s’est peu montrée sur les réseaux sociaux, à exposer son quotidien ou à donner des concerts virtuels : « Je ne suis pas quelqu’un d’hyper-connectée et je comprends que mes collègues aient eu envie de le faire. Je trouve que le son n’est pas toujours très bon. Par contre j’ai pu réécouter des concerts. »

Amanda Favier se concentre sur la sortie de son CD sorti par le label Nomad Music ; la violoniste a gravé un concerto d’Igor Stravinski et celui de l’Américain Georges Corigliano, toujours vivant, un peu moins connu que son aîné russe : « Il a écrit la musique du film The Red Violin où il avait obtenu l’oscar de la meilleure musique (NDRL: en 1998). Il l’a retravaillé pour en faire un concerto que nous avons enregistré avec l’Orchestre royale de Liège sous la direction du jeune chef Adrien Perruchon. »

Consciente que le CD est en perte de vitesse dans les ventes, Amanda Favier défend néanmoins ce support et reste convaincue de l’importance de l’objet, matérialisé : « On peut le toucher, on peut lire le livret. Comme je préfère un livre à une tablette. »

Presque une gourmandise, comme la notion de temps qui a repris sa place pour profiter des instants : « Ces deux mois ne m’ont pas tellement changée ; même s’ils servent à une introspection, j’ai toujours pris du temps pour réfléchir et travailler. Dans la musique, le calme est essentiel. Je n’ai pas souffert, car c’est dans ma nature. Le calme ne m’a pas dérangée, même si dans cette période il est difficile de prospecter pour des concerts qui feront suite à la sortie du disque. »

Bruno ALBERRO

 

Photos crédit Anne Roman

Où entendre Amanda Favier ?

  • Le lundi 17 août à Montbron en Charente avec l’ensemble Furia Francese, dirigé par Julien Opic. Au programme un concerto de Haydn.

Renseignement à Amanda Favier

Le coin CD

 

  « The Red Violin », avec la violoniste Amanda Favier et l’Orchestre Philharmonique de Liège, placés sous la direction d’Adrien Perruchon, est disponible en version dématérialisée depuis le 10 avril dernier.Il sera disponible en Compact disque à compter du vendredi 29 mai.

Ont été gravés le Concerto en ré d’Igor Stravinski et The Red Violin, concerto de John Corigliano. 

Des extraits disponibles en cliquant sur le lien The Red Violin 

Renseignement à Nomad music