Debora Waldman cumule les premières fois. Première femme chef d’orchestre en titre en France, premier mois d’exercice achevé,  premier volet de son projet en place. Celui qu’elle a défendu et lui a permis d’obtenir ce poste. Elle a appris ce vendredi par la bouche de la ministre de la Culture que la phalange avignonnaise était labellisée Orchestre national en région. C’est avec cette auréole qu’elle dirigera un programme de musique italienne, ce mercredi 7 octobre à la salle Benoît XII à Avignon.

Debora Waldman sera à la tête de son Orchestre régional Avignon-Provence ce mercredi 7 octobre, 20h30, à la salle Benoît XII pour un concert de musique italienne. Il changera sans doute de nom depuis que l’ensemble avignonnais a été labellisée Orchestre national en région, comme l’a annoncé Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, en visite dans la Cité de papes pour les États généraux de la Culture. Un travail de longue haleine conduite par Philippe Grison, directeur de l’ORAP.

“Son” orchestre car Debora Waldman en a pris la direction comme chef titulaire depuis ce 1er septembre et ce pour un contrat de trois ans. Ensuite, pour prolonger l’aventure, ce n’est pas elle qui décide, glisse-elle. Quoiqu’il en soit, elle savoure de pouvoir s’exprimer et appliquer sa façon de travailler ou de restituer la musique ; quoiqu’il en soit, c’est une première en France qu’une femme soit nommée au pupitre d’une phalange institutionnelle. Alors, cette position de primauté oblige ? En guise de réponse, elle se contente d’être sereine, pour cela elle dispose d’une feuille de route. Debora Waldam glisse que d’ores et déjà elle applique son projet qu’elle avait présenté au jury qui l’a sélectionnée : « Il tient en trois points : de faire une saison symphonique riche ; d’élargir le répertoire ; et d’avoir plus de proximité avec les différents publics. » Elle a déjà commencé puisque la lever de rideau de la saison symphonique s’est faite à Saze, avant d’aller à Vedène puis à Sauveterre. L’Orchestre s’est même produit à Martigues où les musiciens s’installèrent sur les balcons d’un immeuble…

Debora Waldman chef d'orchestre

Debora Waldman est la première femme en France, chef d’orchestre titulaire.

Debora Waldman croit beaucoup à la pédagogie, elle annonce qu’elle proposera des conférences pour mieux avertir le public des œuvres qu’il sera à même d’écouter : « Nous avons donné des titres à nos concerts. Ça donne des indications aux auditeurs, c’est comme un guide d’écoute, pour une écoute active. Le public aura envie de chercher le message que j’ai voulu faire passer. Sans doute il le trouvera, peut-être non, ensuite on peut en parler. Ce sera le deuxième temps en organisant des colloques et des rencontres. Pour cela il faut créer le lien avec lui, c’est aussi la raison que nous allions à sa rencontre en jouant dans d’autres salles qu’à Avignon. »

Elle pensait qu’elle modifierait plus rapidement le son de l’Orchestre à sa convenance : « Il a pris des habitudes au cours de toutes ses années avec Samuel Jean. Il faut prendre le temps. Après une semaine, il y a eu un changement, c’est mieux après deux et trois semaines. » Si elle tient à la relation avec les publics, Debora Waldman s’est engagée aussi à rencontrer les musiciens un à un, pour expliquer son projet, ses intentions et ses attentes, mais aussi pour écouter : « Il est important de communiquer. Je saurais aussi ce que chacun aurait envie de jouer ou s’il a un répertoire qui lui tient à cœur. Je parle beaucoup avec Cordelia Palm, le premier violon, on se téléphone on étudie les points douteux, mais chacun reste dans son rôle. Je voussoie chaque musicien, j’y tiens, je trouve ça plus correct. »

En 2013, Debora Waldman a créé l’orchestre Idomeneo, composé de jeunes musiciens professionnels. On pouvait lui poser la question à savoir si elle profiterait de sa position pour le faire “descendre” à Avignon, comme cela s’est fait avec un autre directeur et un autre ensemble, en d’autres lieux : « Je vais faire en sorte qu’Avignon aille se produire à Paris. Quand on a le courage de faire les choses, c’est positif. »

Debora Waldman n’a pas oublié ses années passées comme assistante de Kurt Masur, alors à la tête de l’Orchestre national de France, si la gestique est bien différence, dans le regard adressé à ses musiciens et le charisme qui l’entoure, on perçoit des similitudes : « Il avait une direction minimaliste. Mais il donnait une telle énergie. C’est quand même différent d’être assistant et d’apprendre et d’être devant l’orchestre et de faire. Mais tous les jours je pense à lui. Je sens qu’il est là à regarder ce que je fais. »

La chef avignonnaise se cache pas qu’elle aimerait aussi avoir un assistant pour poursuivre la chaîne spirituelle : « Un assistant, pour moi, ce n’est pas un élève, c’est comme un apprenti à qui on fait profiter de notre expérience, et qui s’enrichit de la réalité du quotidien. »

Bruno ALBERRO

 

Où écouter l’Orchestre régional Avignon-Provence ?

  • Le mercredi 7 octobre à 20h30 à la salle Benoît XII à Avignon dans Occhiotolino musicale dans un programme Cimarosa, Mercadante, Rossini et Boccherini ;
  • Le samedi 17 octobre à Montpellier et le dimanche 18 octobre à Avignon dans Legrand écran, un hommage à Michel Legrand ;
  • Le vendredi 6 novembre à Avignon dans Energique ou poétique un programme Mozart, Prokofiev, Gounod ;
  • La semaine du 23 novembre “Quand l’orchestre s’éclate en ville !”
  • Le vendredi 4 décembre à Avignon dans “Revisiter” dans un programme Haydn, Tchaïkovski, Prokofiev ;
  • Le dimanche 13 décembre à l’Auditorium du Thor dans les Quatre saisons de Vivaldi ;
  • Le vendredi 18 décembre au Palais des sports de Marseille dans un programme de Chants de Noël.

Renseignement à l’Orchestre régional Avignon-Provence