Ça fait du bien ! Un bol d’air frais en pleine nature. C’est la version de L’elisir d’amore de Donizetti servie aux Chorégies d’Orange ce vendredi 8 juillet, dans une mise en scène d’Adriano Sinivia, il a trouvé au théâtre antique une scène à la dimension de sa fantaisie. Toujours disposé à rajouter détail sur détail, clin d’œil après clin d’œil. Comme dans le Barbier de Séville donné sur cette même scène en 2018, le réalisateur foisonne d’idées et les met en place.

Dans cet Elixir, Adriano Sinivia semble nous dire que les hommes sont des lilliputiens dans l’immensité de l’univers, l’amour est plus grand que tout, plus imposant que la nature, au moins autant égal que le théâtre lui-même. Cette scène romaine, Adriano Sinivia l’a transformée en vaste espace bucolique sous les lumières de Patrick Méeüs, avec ses épis de blé géants et cette roue de tracteur immense, à cour. Et tout est l’avenant, tout est trop, les maquillages, les costumes délirant d’Enzo Ioro, les entrées sur scène, la masse des chœurs, les mimes, les accessoires et les jeux de personnages pleins de faconde, à l’image du baryton uruguayen, Erwin Schrott, en Dulcamara, docteur Miracle, roublard à souhait. Erwin Schrott a trouvé, là, une production à la mesure de sa démesure d’acteur-chanteur, jouant sans sur-joué, toujours juste apportant le petit plus qu’il glisse de façon spontané, voire imprévisible. Comme son personnage, il donne vie à cet Elixir déjanté et le reste de la distribution doit suivre ses facéties.

A ce jeu du j’en-fais-plus-que-plus, la soprano sud-africaine Pretty Yende, dans la robe d’Adina se montre à la hauteur de ce premier rendez-vous orangeois, dans une partition délicate ; surtout quand le vent s’amuse à chanter dans les blés et à tourbillonner dans l’hémicycle, obligeant la cantatrice à des efforts de projection tout en peignant en finesse les situations sur le plateau. On ne sait si le ténor Francesco Demuro s’attendait à bisser sa aria “Une furtiva lagrima”. C’est exceptionnel à Orange et de mémoire de festivalier ce n’était jamais arrivé à un ténor, malgré les noms prestigieux souvent à l’affiche des Chorégies. Les gradins se souviennent dans sous doute de Rigoletto où le baryton Leo Nucci avait ouvert la voie, tant avec Patrizia Ciofo ou Nadine Sierra comme partenaire. Cette fois, un ténor a eu cette faveur. Il est vrai que cette aria est l’air le plus connu de cet opéra romantique, souvent repris en récital. En tout cas, Francesco Demuro pourra se targuer de cette première.

Le baryton polonais Andrzej Filonczyk endossait, lui, le costume du sergent Belcore. Obligé lui aussi d’exagérer le geste et les attitudes jusqu’à la pitrerie. Enfin Giannetta était incarné par la jeune chanteuse russe Anna Naïbandiants qu’on aimerait écouter dans un rôle plus étoffé, pour apprécier le tenu et la ligne de chant.

Pour harmoniser ce plateau gigantesque, la direction des Chorégies d’Orange avait invité le jeune chef italien Giacomo Sagripanti, obligé de jouer les équilibristes entre le plateau, où les notes étaient poussées et balayées par le Mistral, et l’Orchestre philharmonique de Radio-France qu’il avait sous la coupe, tout comme les chœurs de l’Opéra Grand Avignon et de Monte-Carlo bien préparés à cette fantaisie mais aussi  en harmonie dans les chorégraphies qui ont ajouté de la légèreté à cette production orangeoise.

Bruno ALBERRO

 

Au programme des Chorégies

  • Le 7 juillet concert symphonique avec Myung-Whun Chung et Pierre-Laurent Aimard ;
  • Le 8 juillet L’elisir d’amor de Donizetti ;
  • Le 14 juillet la Missa solemnis de Beethoven ;
  • Le 18 juillet Giselle de Adolphe Adam par le Ballet du Capitole de Toulouse ;
  • Le 20 juillet la Nuit italienne avec la Scala de Milan ;
  • Le 30 juillet Les lumières de la ville de Charlie Chaplin ;
  • Le 5 août La symphonie du nouveau monde de Dvorak ;
  • Le 6 août La Gioconda de Ponchielli.

*Info Chorégies: un pass famille en place

Afin de permettre au plus grand nombre de venir découvrir nos spectacles, les Chorégies d’Orange proposent divers tarifs : jeunes, étudiant, chômeur etc…

Dès ce week-end, en ce sens, deux mesures supplémentaires seront mises en place :

– Élargissement du TARIF JEUNE au moins de 25 ans;

– Création d’un PACK FAMILLE pour les spectacles suivants : Ciné-concert Chaplin, le ballet Giselle, La Gioconda et la Symphonie du Nouveau Monde. Pour l’achat de deux places adultes au tarif général, bénéficiez de la gratuité sur 1 à 2 places pour vos enfants de – de 18 ans.

Renseignement aux Chorégies d’Orange