La soprano Cécilia Arbel sera, en ce début de saison, au festival de Pezenas Enchantée dans « Les Contes d’Hoffmann » de Jacques Offenbach le samedi 6 octobre, avant de se produire à Blois, Nîmes, Toulon, Nice, etc. La jeune artiste de 31 ans, compte de nombreux projets réalisés et en cours, dont « Opérap », une fusion artistique réunissant l’univers du lyrique avec celui du rap et un nouveau spectacle créé avec son époux pianiste, Ludovic Selmi, intitulé « Chopin et le Belcanto ». Ou quand l’amour sait rapprocher deux artistes autour d’une même passion. 

Cécilia Arbel, comment avez-vous découvert cette passion pour le chant lyrique ?
C’est le chant lyrique qui est venu à moi par le plus grand des hasards. En effet, j’étais en première au lycée de Tarascon lorsqu’une amie vint me demander de passer un casting avec elle pour entrer dans une classe de chant-art lyrique au théâtre municipal. Elle m’avait expliqué qu’un excellent professeur de chant venait y donner des cours depuis Marseille ; Simone Burles, la soeur du grand ténor Charles Burles. Ne connaissant rien au lyrique, mais toujours pleine d’enthousiasme, j’acceptais néanmoins d’accompagner mon amie. J’arrivais donc pour l’audition avec une chanson de Michel Polnareff, sans aucune technique vocale et sans partition. Heureusement le formidable pianiste de la classe, Christophe Savoie, connaissait le répertoire de variété et avait improvisé un accompagnement pour que je puisse chanter.  C’est mon grand père maternel qui m’avait amenée au théâtre et attendait avec moi les résultats de cette audition. Verdict : J’étais retenue et mon amie non !

Quelle formation avez-vous suivie pour en arriver là où vous en êtes aujourd’hui ?
J’ai suivi des cours de chant avec Simone Burles parallèlement à mes études pendant 7 ans. J’ai passé un BAC littéraire en 2005, puis obtenu une licence d’histoire en 2008 à l’université d’Avignon. Je suis ensuite entrée dans la classe de Pierre Guiral au Conservatoire d’Avignon où j’ai étudié jusqu’en 2011, puis j’ai continué ma formation en région parisienne pendant trois ans. En 2013 j’ai obtenu un second prix au Concours international d’opérette de l’Odéon de Marseille, sous la présidence de monsieur Jean-Jacques Chazalet. En 2014, je suis revenue vivre près de ma famille à Beaucaire dans le Gard où mon ami le baryton Frédéric Cornille m’a présenté la soprano Chantal Bastide et la chef de chant Michèle Voisinnet de l’opéra de Paris avec lesquelles je travaille actuellement. L’année dernière j’ai remporté le premier prix au concours national de Béziers sous la présidente de Marie-Ange Todorovitch, puis le troisième prix au concours international Robert Massard sous la présidence de Guy Condette et enfin le prix de « la meilleure interprétation française » au concours international de Marseille sous la présidence de Renée Auphan.

Qu’est ce qu’il vous plait dans ce métier ?
Ce que j’aime dans mon métier, c’est la scène. C’est à dire la dimension dramatique du chant, le partage avec nos camarades sur le plateau et les musiciens de l’orchestre, ainsi que la rencontre avec le public. J’aime pouvoir interpréter différents personnages, cela implique souvent un travail préliminaire de recherches historique et psychologique afin de coller au plus près à la réalité des héroïnes. J’aime le travail de préparation musicale et vocale qui est très important pour servir au mieux les exigences de la partition.

Pourquoi avoir ce métier d’ailleurs et non un autre en rapport avec vos études d’histoire ?
La pratique du chant fut une thérapie car j’ai commencé à chanter pendant le divorce de mes parents ; j’avais seize ans. Cette pratique m’a permis de puiser des sentiments refoulés, de colère, de tristesse et d’injustice. Dans les premiers temps, extérioriser ses émotions fut très douloureux, mais je sentais que cela était salutaire. J’ai donc toujours eu un rapport viscéral au chant. Le public vient à l’opéra pour avoir des émotions ; rire, pleurer…ainsi c’est un devoir pour les chanteurs d’incarner les personnages sincèrement et avec tout leur cœur. Le chanteur lyrique est un comédien qui chante, cristallisant autour de lui de nombreux corps de métiers tous unis pour la réussite du spectacle et le bonheur du public ; les solistes, artistes des chœurs, du ballet, de l’orchestre, les techniciens, les habilleuses, les costumières, etc… L’opéra a cela de magique qu’il est la fusion de nombreux arts ; c’est à mes yeux le plus complet!

Quel est votre plus beau souvenir en tant qu’artiste lyrique ? 
C’est difficile à dire… j’ai énormément de beaux souvenirs, avec de nombreux collègues et amis, avec des metteurs en scène, chefs d’orchestre et directeurs de théâtre à qui je dois tant. Il y a tout d’abord la première fois que j’ai chanté le rôle de « Mireille » de Charles Gounod, mise en scène par Patrice Blanc aux cotés du ténor Marc Larcher. Je suis très attachée à ma région et à nos traditions provençales ; je porte le costume d’arlésienne. D’ailleurs la première Mireille, pour qui Frédéric Mistral a écrit le fameux poème, est née chez nous, à Beaucaire! Puis nous avons repris ce spectacle au Mas du Juge à Maillane ; c’était une immense joie de chanter notre Mireille sur le parvis de la maison de Mistral, en face du massif des Alpilles… Je garde aussi le rôle de Juliette, dans « Roméo et Juliette » de Charles Gounod. L’histoire des amoureux de Vérone portée par la musique tellement romantique de Gounod….c’est la première fois que j’ai pleuré sur scène en tenant dans mes bras Roméo, incarné par le ténor Valentin Ferrari. Et pour finir ; le rôle si émouvant de la courtisane Violetta Valéry que j’ai eu l’honneur de chanter dans La Traviata de Giuseppe Verdi, mise en scène par Mireille Delunsch et sous la direction de Simon Rigaudeau.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur « Opérap » ?
J’ai été contactée par Sébastien Damiani pour son projet « Opérap », sous les conseils de notre amie commune, la mezzo Emmanuelle Zoldan. J’ai tout de suite été séduite par le concept novateur de croiser l’univers de l’opéra à celui du rap. Avec son collaborateur Faf Larage, ils ont su me mettre à l’aise et le projet a très vite pris forme soutenu par une équipe volontaire et talentueuse. Et, chose incroyable, en discutant de nos racines beaucairoises, Sébastien et moi nous sommes rendus compte que nous étions de la même famille ! Le premier clip est sorti et a très vite obtenu la validation du public et des professionnels. Ce n’est que le début !

Alors hormis une suite « Opérap », avez-vous d’autres projets ?
Mon mari Ludovic Selmi est pianiste concertiste. Suite à une collaboration musicale, nous avons créé notre spectacle, « Chopin et le Belcanto », que nous aurons la joie de jouer dans notre ville à Marseille pour la première fois cette saison!

Emilie MIR

Où retrouver Cécilia Arbel prochainement : 
Samedi 6 octobre au Festival Pézenas Enchantée dans « Les Contes d’Hoffmann, Jacques Offenbach » ; jeudi 11 octobre à Blois ; samedi 13 octobre au théâtre Christian Ligier à Nîmes dans  » Concert Mozart » ; lundi 15 octobre à Toulon dans « Mireille, Charles Gounod »… 
Renseignement à Cécilia Arbel