Un bon film, c’est d’abord un montage réussi, c’est aussi une alchimie et c’est aussi de la musique. Quand le Barbier de Séville de Rossini est transposé dans les studios de la Cinecittà à Rome dans les années soixante il fallait oser. Ce qu’a tenté, mardi 31 juillet aux Chorégies d’Orange, Adriano Sinivia, le metteur en scène qui adapte aux Chorégies, sa création de 2009 pour l’Opéra de Lausanne. La seconde sera donnée samedi 4 août à 21h30.

Transformer un opéra en tournage de film, ça fonctionne, avec sur la scène du théâtre antique d’Orange le plateau de tournage et les coulisses d’un studio où les costumières, maquilleuses ou techniciens construisent le spectacle à la vue du public.

Comme nous sommes à l’opéra, il faut aussi un chef et son orchestre. En l’occurrence, Giampaolo Bisanti tenu la baguette d’une main ferme et sobre. Cherchant l’efficacité plus que l’esthétique. A la point de sa baguette, les pupitres de l’Orchestre national de Lyon suivent la gestique rigoureuse qui laisse aussi la part belle au théâtre qui autorise quelques césures sans nuire à la musique et au rythme défini par Rossini.

Le maestro a placé sous son regard les chœurs des opéras d’Avignon et de Monte-Carlo, et aussi les solistes conviés avec cette production. Adriano Sinivia s’est autorisé à remplacer la courte partie chantée d’Ambrogio par un mime réussi d’Enzo Iorio.

Dans le rôle-titre du barbier Figaro, on reconnaissait le baryton français Florian Sempey qui exporte son personnage de factotum sur de nombreuses scènes. Depuis quelques années, Figaro c’est lui. Et son arrivée à scooter provoque le rire. C’est gagné.

Il se met au service du Conte incarné par le ténor roumain Ioan Hiota. Son élégance et sa clarté sont ses atouts. Il tombe amoureux du soprano russe Olga Petretyako, dans le rôle de Rosina. Sa fraîcheur de ton, ses sourires malicieux se remarquent.

Pour le rôle de Bartolo, le public orangeois a découvert le baryton Bruno De Simone, un habitué du rôle du tuteur avide et cupide.

Dans la version d’Adriano Sinivia, Basilio est un clown. La basse Alexei Tikhomirov n’est pas sans rappeler Eric Cambell, le complice de Charlie Chaplin. Acteur et chanteur il l’est dans l’aria la calunnia è un venticello, un moment de bravoure technique et de poésie tendre.

Annuntazia Vestri en Berta et Gabriele Ribis amuse en pastiche de soubrette et de serviteur zélé.

Bruno ALBERRO

 

 

En bref : Le Barbier de Séville, opéra de Rossini, aux Chorégies d’Orange samedi 4 août à 21h30 au théâtre antique.

Renseignement au 04 90 34 24 24 ou à www.choregies.com

Photos crédit Bruno Abadie Photosphères à Orange