L’argent se cache. On l’entend partout, la baisse des subventions dessert la Culture en général. L’Orchestre régional Avignon-Provence recherche aussi des financements privés dans le bassin économique, à hauteur de 250000 euros. Des chefs d’entreprises comme Boris Delécluse se mobilise et cherche à convaincre de l’intérêt d’avoir un Orchestre de cette qualité qui participe à l’attractivité de ce territoire.

« Depuis qu’il y a moins de subventions, tout le monde cherche de l’argent », résume Boris Delécluse, chef d’entreprise et dirigeant de l’association Cap affaires dans le Gard rhodanien et à Orange. «Tous les jours je reçois de nouvelles propositions, même pour le championnat du monde de football des réfugiés. » Il confie cette anecdote à Philippe Grison, directeur de l’Orchestre régional Avignon-Provence, avec qui il a noué un partenariat.
Pour Philippe Grison, le soutien de la phalange par l’argent privé est symbolique, au vu des montants remis : « L’idéal serait d’obtenir 250000 euros. Nous y travaillons. On aimerait par exemple organiser un repas VIP avec des tables représentant huit ou dix mille euros, qu’un chef d’entreprises achèterait et où il pourrait inviter des gens de son choix. On ferait des conférences, des rencontres avec des artistes…»
Si l’idée séduit Boris Delécluse, lui se montre plus pragmatique : « En fait, on aide plus facilement quand on est intéressé. C’est rare d’avoir une vision globale des choses, de se dire je vais soutenir telle action car elle intéresse le territoire. Non ! les chefs d’entreprises aident plus volontiers les activités ou les loisirs qu’ils aiment. »
Et si l’argent ne va pas à la Culture en générale, pour Philippe Grison, c’est un manque d’éducation : « 95% des responsables économiques ont d’autres pôles d’intérêt que la Culture et son rayonnement, ce qui n’était pas le cas il y a encore quarante ans où les gens lisaient, écoutaient, se cultivaient et connaissaient. Et le désintérêt pour la Culture existe à tous les niveaux. Pour moi, c’est un problème d’éducation et de formation. » Philippe Grison rappelle tout le travail du développement de la musique, effectué par Marcel Landowski entre 1966 et 1975, quand il était directeur de la musique, de l’art lyrique et de la danse au ministère des affaires culturelles, nommé par André Malraux.
Un credo repris par Boris Delécluse : « On voit bien qu’au sein du club quand on amène des gens écouter de la musique classique, le plus souvent ça leur plaît, mais ils n’y retournent pas spontanément. Une seule fois ne suffit pas, peut-être. Faire changer les mentalités ce n’est pas facile. C’est vrai qu’à Avignon-Confluence c’est moins attractif : il n’y a pas le foyer pour les réceptions, les gens ont toujours du mal à comprendre que l’opéra et l’orchestre sont deux structures différentes. Et il y a un manque de communication. Peut-être faudrait-il une personne dédiée au mécénat.  Car ce type de mécénat c’est de vendre du rêve. Il faut un bel emballage. C’est un produit de marketing. »
Il explique que depuis plusieurs années, il essaie de démystifier la musique classique dès qu’il en a l’occasion : « Quand je rencontre les adhérents de Cap Affaires, je leur dis tout le temps que la musique classique est partout : dans les films, les jeux vidéo, la publicité, qu’on ne va plus à l’opéra en smoking. Mais peut-être que je ne vise pas les bonnes cibles. Plutôt que d’attirer un nouveau public, il faudrait mieux aller dans le sens que l’opéra s’adresse à des personnes âgées en contactant des entreprises d’ascenseurs ou spécialisées dans le paramédical. » Le seul argument de la défiscalisation ne suffit donc pas ? Est-ce que 66% d’abattement sont insuffisants et que l’Etat pourrait aller plus loin ? Pour Philippe Grison, ce n’est pas mal, même s’il glisse que c’est inférieur aux USA où l’argent public est absent de la Culture : « En France, une société qui donne 1000 euros, ça lui coûte 400 euros. »
Quant on fait remarquer qu’on pourrait s’étonner du manque d’engouement du monde économique pour la culture alors qu’il y a plus de personnes inscrites dans les conservatoires ou les écoles de musique et de danse que dans les fédérations sportives, Boris Delécluse tempère : « C’est vrai, parce que les parents veulent que leurs enfants suivent et s’intéressent à la musique, mais il y a un gros turn-over. Mais je crois aussi que la musique peut s’inscrire dans l’ADN de chacun. Si je prends mon exemple: on écoutait du classique à la maison. A quinze ans, j’ai changé de musique, plus de mon âge et maintenant je reviens au classique. »

Bruno ALBERRO

 

Renseignement à l’Orchestre régional Avignon-Provence 

 

Cap Affaires en bref :

CAP Affaires est né en 2015 afin de permettre aux entreprises d’élargir leur réseau en misant sur la relation humaine. Les réunions bi-mensuelles favorisent la création de liens pour autant bousculer l’agenda des chefs d’entreprise.

Renseignement à Cap Affaires