La maestro italien Paolo Arrivabeni va diriger « Luisa Miller » de Verdi à l’Opéra de Marseille. Comme beaucoup d’artistes le chef d’orchestre a été privé de production. Il évoque son plaisir de recommencer à travailler dans cette période singulière, qu’il souhaite transitoire.

Marseille/ Mantoue : Rencontre avec Paolo Arrivabeni, chef d’orchestre

Marseille/ Mantoue : Rencontre avec Paolo Arrivabeni, chef d’orchestre

L’Opéra de Marseille a maintenu les répétitions de « Luisa Miller ». L’ouvrage de Verdi était à l’affiche de la saison opératique. Certes le spectacle sera diffusé sur l’écran dans une mise en scène de Louis Désiré et avec des artistes placés sous la direction du maestro Paolo Arrivabeni. On a rencontré un chef d’orchestre heureux de reprendre la baguette, de revivre une nouvelle production : « J’ai été sept à huit mois sans diriger. J’ai fait Bohème à Marseille à Noël. Et c’est tout. Alors c’est du plaisir de pouvoir travailler alors que pendant tous ces mois, je me suis senti inutile. »

Paolo Arrivabeni ne boude pas son plaisir d’être à nouveau dans la cité phocéenne : « J’aime la ville et j’aime cet opéra. Plus jeune, j’aimais voyager. Maintenant, c’est différent, je préfère revenir dans une salle que je connais plutôt que d’en découvrir une nouvelle, j’aime bien avoir mes repères. Si j’ai le choix entre Luisa à Marseille et Luisa à Sydney, je préfère Marseille. »

On s’en doute, ce sera sans public, mais devant des caméras. Pour lui ça ne change rien : « C’est le même engagement de ma part. Je n’ai pas deux façons de diriger. Je vais simplement faire attention à mes habits et puis j’ai un peu plus de pression, car le moindre détail peut se voir à l’écran. Ce qui change, c’est l’absence de chaleur du public. On l’entend à peine respirer dans les pianissimi, et quand le ténor termine sa note sur un aigu il applaudit. C’est vrai que ça va manquer. Pour Bohème, on était tellement content d’être ensemble qu’on a fait quand même les saluts même avec personne dans la salle. Notre métier est quand même de nous produire devant un public. Je ne suis pas opposé à la captation et les présences des caméras. Aux Chorégies d’Orange, il y avait aussi une captation.» Nul n’est prophète dans son pays, lui qui est natif de Mantoue, ville de l’opéra Rigoletto, n’a jamais dirigé à Vérone, à 60 kilomètres de chez lui : « C’est différent d’Orange. A Vérone, c’est 20000 personnes, contre 8000 à Orange. Mais quand on entre au théâtre antique et qu’on voit ce mur humain, c’est très impressionnant. »

Marseille/ Mantoue : Rencontre avec Paolo Arrivabeni, chef d’orchestre

Paolo Arrivabeni avait dirigé Aida de Verdi aux Chorégies d’Orange en 2017.

Ce sera la seconde fois qu’il dirigera « Luisa Miller », la première c’était à Berlin : « J’ai dirigé seize opéras de Verdi, et la Traviata quatorze fois, c’est comme ça. Je pense avoir une clef pour expliquer pourquoi cet opéra est moins donné que les autres littératures verdiennes. Quand j’ai dit à mes collègues, je vais diriger Luisa, aucun n’a demandé où et quand, mais quel est le ténor. Tellement il faut qu’il soit présent tout le temps des deux heures de la partition. Pour la  soprano, la basse ou le baryton, tout est dur et difficile. Je pense que c’est pour ça qu’on donne peu cet opéra. Ce n’est facile d’avoir les chanteurs pour ces rôles-là. »

Paolo Arrivabeni est comme beaucoup, il souhaite que cette période soit transitoire : « Pas seulement pour les artistes, mais pour tout le monde. Le public a besoin de vivre des émotions du spectacle vivant, et les artistes ont besoin du public. Pour les répétitions, nous avons dû nous adapter, reprendre la partition pour qu’elle soit jouée par dix-neuf musiciens au lieu de cinquante, comme c’est prévu. On passe de seize premiers violons à quatre. On a une flûte et un hautbois au lieu de deux, un trombone au lieu de trois… Pratiquement tous les opéras ont une édition réduite, mais pas Luisa Miller, c’est une maison de Milan qui l’a faite. Ça sonne pareil, on garde les mélodies, les harmonies, les accents… »

Bruno ALBERRO

 

Luisa Miller en bref

L’opéra de Marseille donne Luisa Miller. L’opéra de Verdi sera capté et diffusé par France 3 Méditerranée, avec :

Paolo Arrivabeni, chef d’orchestre ; Louis Désiré, metteur en scène ; Diego Méndez Casariego, Décors et costumes et Patrick Méeüs, Lumières.

On pourra entendre Zuzana Markova, en Luisa Miller ; Sophie Koch, en Federica, Laurence Janot, Laura ;  Stefano Secco, Rodolfo ; Gezim Myshketa, Miller ; Nicolas Courjal, Le Comte Walter et Marc Barrad dans le rôle de Wurm. Avec l’Orchestre et le Chœur de l’Opéra de Marseille.

Renseignement à l’Opéra de Marseille