La soprano Laurence Janot se réjouit de retrouver la scène et plus encore l’Opéra de Marseille où elle est régulièrement invitée. Elle est de la distribution de “Luisa Miller”. L’opéra de Verdi est mis en scène par Louis Désiré et sera dirigé par Paolo Arrivabeni. Il sera diffusé sur France Télévision au mois de mai.

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La soprano Laurence Janot avait fait ses premiers pas lyriques à Marseille. Photo-crédit Christian Dresse.

De la danse à la comédie musicale puis à la scène opératique, commencée à Marseille, le parcours artistique de Laurence Janot est une palette de couleurs. Elle est de retour près du Vieux-Port où elle est invitée dans la production de Luisa Miller, mis en scène par Louis Désiré. Elle retrouve aussi le maestro Paolo Arrivabeni, invité à diriger cet opéra de Verdi, qui sera donnée sans public, mais toutefois captée par les caméras de France 3 Méditerranée, pour France Télévision. Deux captations sont prévues les vendredi 26 et dimanche 28 mars.

Par les temps qui courent il est difficile d’éviter la situation sanitaire qui pèse sur les artistes. Au point qu’aucune allocution du gouvernement n’évoque ni le présent, ni l’avenir de la culture. A l’instar d’autres chanteurs ou comédiens, Laurence Janot ne comprend pas le silence des décideurs : « Au mois d’octobre, nous avons fait ici même “La Belle Hélène” (NDLR : d’Offenbach) et on n’a eu aucun cas positif. Nous avons l’impression que c’est normal que les théâtres soient fermés. Il ne faudrait pas que ça devienne une habitude que les productions soient diffusées sans présence de public. Nous espérons qu’en septembre nous pourrons reprendre normalement. J’ai peur pour l’avenir des  jeunes et pour leur carrière. »

La cantatrice se réjouit de la volonté de poursuivre la saison, comme le fait Maurice Xiberras, le patron de la maison opératique phocéenne : « Nous ne pouvons que le féliciter d’avoir maintenu les productions à l’Odéon ou à l’opéra.  C’est un passionné, il cherche les solutions et sa saison est sauvée. Ce n’est pas ainsi partout.»

Chanter devant des caméras sans chaleur et l’émotion du public

Laurence Janot et ses amis chanteurs ont dû s’adapter à cette nouvelle approche : « La caméra, c’est plus froid. Le public : on sent ses réactions, on sait dès les premiers instants si le spectacle lui plaît ou pas. Louis Désiré nous a demandé de changer notre jeu de scène. A l’opéra, les gestes sont exagérés, ou amplifiés. Là, on attend de nous que ce soit comme au cinéma. C’est difficile de changer des habitudes, surtout que pour chanter, c’est physique. on cherche des appuis un peu partout, avec les pieds, avec les mains. En plus du stress, les questions qu’on se pose avec la présence des caméras : est-ce que je vais plaire ? Est-ce que ce sera bien ? On sera regardé par des milliers de personnes et pourtant on va chanter devant une salle vide.  Heureusement, nous disposons d’un mois de répétition. Tout le plan du metteur en scène s’est mis en place rapidement. Nous avons pu entrer ensuite dans les détails et nous améliorer à chaque fois. Maintenant, je trouve que nous avons un jeu plus élégant. Mais que ce soit Paolo ou Louis, tous deux nous ont mis à l’aise. Tout est réuni pour que ce soit bien.»

La soprano Laurence Janot

La soprano Laurence Janot retrouvera Roberto Alagna dans Carmen au Stade de France en juin 2022.

Sa voix se charge d’émotion quand elle raconte les premières secondes où l’équipe s’est retrouvée sur le plateau : « Il n’y a pas de mots pour dire ce que nous avons ressenti. J’ai pensé que j’existais encore, que j’avais de la chance de me trouver là. Je m’en souviendrais toute ma vie. »

Une vie artistique bien remplie, sans nul doute. Puisque Laurence Janot se destinait à être danseuse à l’Opéra de Paris, qu’elle a travaillé sous la direction de Noureev, lui-même. Une carrière dont tout danseur pouvait rêver. Mais le destin en a voulu autrement, se rappelle Laurence Janot : « J’étais engagée dans une comédie musicale, et le rôle-titre est tombé malade, la remplaçante aussi, j’ai proposé mes services. Dans la salle se trouvait Gabriel Dussurget NDRL : Mécène et fondateur du festival d’Aix-en-Provence), il m’a dit : Toi, tu vas faire du chant. Un an après je chantais Lucia di Lammeroor à l’Opéra d’Avignon à côté de Roberto Alagna. Puis les Puritains à l’Opéra de Marseille. J’ai une voix longue, ce qui m’a permis de durer. Mais en France, on aime bien mettre les gens dans des cases. Moins maintenant, mais pour certains Laurence Janot est danseuse. Passer de danseuse à chanteuse, c’est aussi un autre travail musculaire, qu’il a fallu modifier. Mais maintenant, je peux associer la danse et le chant. Il m’arrive encore de “bougeotter”. Souvent Maurice Xiberras me le demande. J’ai même chanté en faisant des pointes. »

Elle retrouvera Roberto Alagna en juin 2022 dans une production de Carmen au stade de France, dans une mise en scène du Marseillais Charles Roubaud, avec Béatrice Uria Monzon dans le rôle-titre. D’autres productions sont prévues, mais il n’en dira mot ou presque. Elle glisse qu’on l’entendra la saison prochaine dans une Walkyrie ou un Nabucco, entre autres.

Bruno ALBERRO

 

Renseignement à Laurence Janot

Luisa Miller en bref

L’opéra de Marseille donne Luisa Miller. L’opéra de Verdi sera capté les 26 et 28 mars et sera diffusé ultérieurement par France 3 Méditerranée. Il est réalisé par :

Paolo Arrivabeni, chef d’orchestre ; Louis Désiré, metteur en scène ; Diego Méndez Casariego, Décors et costumes et Patrick Méeüs, Lumières.

On pourra entendre les voix de Zuzana Markova, en Luisa Miller ; Sophie Koch, en Federica, Laurence Janot, Laura ;  Stefano Secco, Rodolfo ; Gezim Myshketa, Miller ; Nicolas Courjal, Le Comte Walter et Marc Barrard dans le rôle de Wurm. Avec l’Orchestre et le Chœur de l’Opéra de Marseille.

Renseignement à l’Opéra de Marseille

Le Coin Vidéo