Il faudra attendre le 28 février pour voir sur la Toile, la diffusion de Tosca à Marseille dans une mise en scène de Louis Désiré. Il reprend sa production de l’opéra de Puccini qu’il avait présentée quelque cinq ans en arrière. Sans qu’elle ait pris une ride. Conservant la précision et l’intensité du drame concentrées dans cet opéra en trois actes.

Tosca photo Christian DRESSE 2020

Tosca à Marseille sera diffusée le 28 février. Photo Christian DRESSE 2020

Il confie qu’il est temps que le public revienne dans la salle. Malgré tout, après Bohème de Puccini où il avait remplacé Leo Nucci à la mise en scène, cette fois, Louis Désiré reprend Tosca du même compositeur ; toujours pour l’Opéra de Marseille ; toujours diffusé sur la chaîne YouTube de la ville de Marseille. Ce sera le 28 février à 17 heures. Louis Désiré fait partie de ces rares metteurs en scène où son intention ne varie pas tout au long de l’ouvrage. Tosca est peinte comme une femme forte dévouée à son cher Mario Cavadorossi, prête à tout pour le sauver des griffes de Scarpia, le policier qui attend que Tosca s’offre à lui dans cette période de la bataille de Marengo, conduite par Bonaparte.

On ne va pas refaire l’histoire, elle se dessine sous nos yeux au bord d’un décor mis en lumière par Patrick Méuüs. Dans une scénographie à quatre faces, tout à tour église Saint-André, maison de Scarpia, ou prison quand s’annonce la fin proche des deux amants sous le joug de l’autoritarisme, les protagonistes voient leur champ de déplacement réduit, l’espace se resserre sur l’action. Le regard se concentre sur l’événement poché sans faconde.

De ce drame, Louis Désiré en croque la symbolique avec finesse, jusqu’à l’universalité subliminale. Il nous attire dans cette dualité, voire cette symétrie de la vie. Dans cette bascule alternée de noir et de blanc, sans nuance de gris, le metteur en scène campe l’ambiance tranchée de ce moment de l’histoire, quand Cavadarossi est peint lui en Christ martyr, quand face au noir Scarpia, part sombre de nos ombres, rayonne Tosca. Elle passe de la vierge énamourée en robe bleue au soleil, avant qu’elle ne se transforme en revêtant sa robe d’o, signifiant la lumière et le soleil. Tosca ne crie-t-elle pas que le sang étouffe Scarpia à l’instant de lui planter le poignard dans le cœur ? Alors que le sang au sens des religieux représente la lumière. Sa victoire contre les ténèbres. Même dans sa mort, Louis Désiré joue de l’astre solaire qui s’éteint à la dernière note, pour rappeler que Tosca meurt en se jetant dans le vide.

Pour servir cette Tosca, l’Opéra de Marseille a confié la baguette à Giuliano Carella à la battue généreuse sans autant être ostentatoire ; appliquée avec les voix d’autant que le chœur homme, pour cette captation, se trouvait au premier balcon. Sur le plateau occupé par ce plantureux décor, Jennifer Rowley interprète cette Tosca. Comme il est difficile de reprendre des morceaux d’anthologie, car on a tous en tête une forme d’interprétation idéale, la jeune cantatrice américaine sort avec honneur des pièges de ses deux arias qui en font la réputation des sopranos, des airs qu’elles sont quasiment obligés de placer dans leur programme de récitals. Quant à son duo avec Marcelo Puente en Mario Cavadorossi, il est empreint de douceur et de tendresse.

Marcelo Puente était, lui, attendu dans « E lucevan le stelle », célébrissime aria pour ténor qu’il interprète sur les grandes scènes. Comme on a pu l’entendre à l’Opéra de Paris en 2019, quand le public pouvait encore être dans la salle et exprimer son bonheur.
S’il est un air aussi attendu dans cet opéra où les tubes opératiques jalonnent l’œuvre de Puccini, c’est bien celui de Scarpia pour baryton. Quel amateur d’opéra n’a pas dans l’oreille les versions de Raimondi, Tobbi ou Nucci ? Là, il faut écouter cette interprétation de Samuel Youn. Le Coréen formé à l’école de Séoul et de Milan n’usurpe pas sa réputation qui lui a permis de chanter à Bayreuth ou Covent Garden, là où justement il a pris ce rôle de policier fourbe à qui il a apporté une forme de folie, lisible dans ses yeux et son interprétation vocale.
Pour servir les autres rôles,  la maison phocéenne s’appuie des des chanteurs rompus à ces personnages comme la basse Patrick Bolleire en Angelotti ; Jacques Calatayud en Sacristain ; Loïc Félix en Spoletta ou encore Jean-Marie Delpas en Sciarrone.

Bruno ALBERRO

 

Photos Christian Dresse

Où voir Tosca ?

  • Le dimanche 28 février à 17 heures sur la chaîne YouTube de la ville de Marseille.

 

Renseignement à l’Opéra de Marseille