Faute de pouvoir accueillir du public, Frédéric Roels, directeur de l’Opéra Confluence a opté pour une diffusion sur la Toile de La Veuve joyeuse de Franz Lehar. Diffusion programmée le 31 décembre à 20h30 sur la chaine YouTube de l’Opéra du Grand Avignon.

Cette opérette devait égailler ces fêtes de fin d’année afin que les spectateurs puissent se donner du baume au cœur en assistant à un spectacle bien vivant. Un virus agressif, s’en prenant particulièrement au monde culturel, en a décidé autrement, non que les artistes soient plus affectés que les autres, voire moins, mais les salles de spectacles sont fermées.

Alors, les protagonistes de cette opérette, écrite en 1905, ont eu bien du mérite de vouloir amuser et faire rire, sans le soutien du public qui agit en écho d’une mise en scène. Une mise en scène, où ne sait si nous assistons à un spectacle, où si nous sommes en cours de répétition. Fanny Gioria s’est même joué des circonstances, en s’amusant à passer de la réalité à la fiction. D’ailleurs dans le monde du spectacle est-ce que la réalité existe ? Les acteurs ou le public ne vivent-ils pas dans un rôle permanent, acteur de leur propre vie ? La réalisatrice grossit les traits, s’amuse avec les décors et les costumes pour aller de la fête à la farce, ou le contraire. Qu’importe d’ailleurs, on se laisse bercer par cette ambiance colorée, voire bucolique où la morale reste sauve, où le propos n’est jamais vulgaire.

La réussite du théâtre chanté est certes le fruit d’une mise en scène, ici onirique dans les décors d’Eric Chevalier. Mais pour que l’osmose se fasse, il faut aussi la greffe de la direction musicale. La baguette était confiée là à Benjamin Pionniec, rompu à la direction des œuvres lyriques. Des mains et du regard, il concentre l’attention de l’Orchestre national Avignon-Provence et du chœur de l’Opéra du Grand Avignon.
Comme souvent dans l’opérette, et La Veuve joyeuse n’y coupe pas, le plateau est pléthorique. Qu’à cela ne tienne, la distribution s’est bien amusée, on sentait le plaisir d’être à nouveau sur scène,  après plusieurs semaines de privation.

Le rôle de Missia Palmieri a été confié à la soprano franco-américaine Erminie Blondel. Vocalement scéniquement, dansant jouant, elle a habité cette Veuve de bien belle façon. Avant de revenir au mois de mars dans le festival Musique baroque en Avignon, Caroline Mutel a changé totalement de registre. Elle signait son retour à Avignon dans le rôle de la frivole Nadia ; elle aussi, prend plaisir à se laisser séduire sans passer les limites de l’honnête femme. Pour ces dames et de ce duo de charme, Philippe-Nicolas Martin revêt le costume du prince Danilo, il lui sied bien tant quand il cède à l’attraction de l’amour envers Missia.
Guillaume Paire incarnait lui le baron Popoff, il amuse et s’amuse, composant juste le rôle du mari de Nadia. Nadia qui se refuse à Camille de Coutançon, repris par Samy Camps, à l’aise dans ce personnage d’amant éconduit.

 

 

Photos Cédric Délestrade

La Veuve joyeuse diffusée sur Internet

  • Le 31 décembre à 20h30, La Veuve joyeuse de Franz Lehar sur la chaine YouTube du Grand Avignon. Cette production sera visible jusqu’au 15 janvier.

Renseignement à l’Opéra du Grand Avignon